S'inscrire dans le monde comme créatrice, artiste, c'est s'étonner radicalement de ce qui l'a provoqué lors de sa première constitution. Une stupeur qui agit en peignant et dirige mon crayon vers son étonnement premier. Entre stupeur et raison d'exister, le lien est étroit, Il conduit l'artiste au combat, à entretenir un rapport d'amour-haine au monde en empruntant des chemins non conventionnels pour chercher sa voie, puis celle de l'autre en abandonnant la sienne.
Carnets de dessins de voyages
La vie étant un magnifique chaos, j'ai voyagé d'atmosphère en atmosphère par impulsion, croisant l'horizontalité et la verticalité des paysages pour atteindre le centre des mouvements celui des rues, des terrasses des cafés.
Anima, animal
Au grès de mes errances, j'ai croisé le monde animal, cette part de l'homme qui n'a pas reçu figure humaine ; expressions énigmatiques soulevées par le travail à la plume de bambou, un mouvement expressif dans la simplicité du trait. Une ballade picturale pour approcher l'homme par son corps et l'animal par ce qu'il a d'humain. Enchevêtrement de traits continus, spontanés, instinctifs. Instabilité de l'encre pour exprimer l'absence de plénitude dans l'histoire de la vie de l'homme puisqu'il est un être inachevé.
Modèles vivants
Des modèles sans visage pour parler du corps, ce vieil ennemi-ami, qui fait entrer l'autre dans le silence et l'isolement, Des dessins qui figent le temps, projetant le regard vers l'avenir par le vécu et le souvenir. Un regard de l'autre à vous, de vous à l'autre et de vous à vous par l'œuvre qui, ainsi salvatrice, donne un sens à la vie de l'homme. Un voyage double, vers la solitude et le rapport à autrui. Un passage étroit pour parler de la sensualité du corps humain qui est parole, pensée et esprit. Dessiner le corps des autres pour apprivoiser le sien et lui offrir sa beauté, car c'est le regard des autres qui la lui donne.
Autoportraits
Peindre mon corps dans l'urgence, face à un miroir, et parfois mon dos avec un second miroir tenu de ma main gauche. La planche à dessiner sur le sol, en utilisant mes doigts, la tranche ou la paume de la main. Un travail artistique sur la lumière du corps intérieur qui permet au sujet psychique de se détacher de son être physique pour créer l'œuvre. Nous sommes deux l'un devant l'autre, événement de liberté. Un corps sans visage et de sa permanence qui laisse voir au spectateur, seule, la trace du visage comme le reflet du silence. Le regard du modèle est pourtant là, sans la couleur de ses yeux, Celle ci empêcherait d'entrer en véritable relation avec lui, Cette absence du visage et de son regard trace le chemin de l'imaginaire, mais aussi celui de l'affectif.
L'art est pour moi le révélateur de cette force et de cette tendresse qui m'habitent.
Les œuvres de Marie-Josèphe HUGUENIN sont création d'amour et l'art, en matière d'amour exige une vérité.
Roger FAINDT.
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